Et si vous dressiez des PV contre les délinquants du climat ?

Même si les ventes de 4x4 refluent  un peu en France (- 4,9 % en 2006 / à 05 avec 112 271 ventes), pour des véhicules pudiquement baptisés SUV pour Sport utility vehicle, force est de constater que les mastodontes de la route sont de plus en plus présents en milieu urbain. D’ailleurs, 2007 aurait renoué avec la croissance d’achat de SUV par les français. Et pendant que Renault essaye de nous convaincre que la voiture c’est écolo avec sa campagne ECO², la marque au losange prépare  son entrée en 2008 sur le marché du tout-terrain avec le « Koleos ». Peugeot et Citroën ne sont pas en restent pour attaquer ce segment de marché, et ils ont sorti cet été, respectivement le « 4007 » et le « C-Crosser ». Avec des émissions souvent supérieures à 200 g de CO2 par km, voir au-delà de 250, les  délinquants du climat adeptent des SUV et autres grosses cylindrées, n’ont pas fini de sévir.

On remarque en passant que la clientèle de ces tracteurs carrossés, comme pour les sportives et berlines gourmandes, ne se recrutent pas essentiellement parmi la gente masculine. Un naïf (féministe) aurait pu penser, que cela était le prolongement d’un désir phallique, pour un objet plein de puissance ronflante plus ou moins maîtrisée. Et bien non. Il paraît même qu’un sentiment de sécurité nimberait la femme qui conduit ses enfants à l’école en RAV4 … ;-)

Passons. A un fondamental à prendre en compte, pour mieux appréhender ces délinquants du climat. L’idée reçue, qu’à la cylindrée et à la taille du bolide (et donc accessoirement au prix d’achat et d’usage), correspondrait un puissant marqueur social de réussite socioprofessionnelle. Les SUV proposés par VW, Porche, Audi, … aux formes généreuses qui habillent leurs deux tonnes de ferraille, ont envahi les beaux quartiers de toutes nos villes, jusqu’à la plus petite sous préfecture. Ce sont les nouveaux attributs de ceux qui se la jouent droite bling-bling. Sans doute ces notables, choisissent un SUV pour se différencier de la grosse et confortable berline surpuissante, trop connotée conseiller général, maire, ou patron de PME de province… Mais au final, le résultat est le même : plus je suis « riche » et plus je me sens en droit de chier un max de CO2 au km.

Donc, pour résumer, nous avons des hommes et des femmes, souvent (très) bien insérés socialement, que l’on pense bien informés (si les CSP+ ne lisent pas les journaux, alors qui ?), qui sont capables d’entendre et de comprendre que « la maison brûle », et qui par ailleurs se conduisent comme de véritables délinquants de climat.

Ce n’est sans doute pas l’accord japonais, où les constructeurs automobiles vont collectivement indemniser les victimes de la pollution atmosphérique, qui devrait faire émerger une prise de conscience de leur conduite délinquante, chez nous bourgeois franchouillards bien carrossés.

Pour les mettre devant leur responsabilité, leur piquer la clé de leur SUV pour leur fourguer un abonnement à VéloLib en échange, ne servirait pas à grand-chose. En outre, ce service n’est disponible que dans quelques grandes villes, et d’aucuns argumenteraient qu’ils sont allergiques au vélocipède tout comme aux transports en commun. Ce qui serait recevable. ;-)

  Non, pour les mettre devant leur responsabilité, on l’a vu avec les radars, rien de tel que le bon vieux PV. Et il faut remercier les gens de Greenpeace d’avoir inventé et réalisé le 1^er PV climatique pour automobiliste qui égoïstement émet trop de CO2. C’est un outil très bien conçu, qui fera, je l’espère, évoluer nos délinquants climatiques. La contravention est progressive, de A à G pour des émissions de CO2 supérieures à 250 g/km. On retrouvera sur le site de l’Ademe, la liste des véhicules vendus en France avec leurs émissions de CO2 par kilomètre parcouru. Et là où la légalité de ce PV ne peut être mise en cause, c’est qu’il n’y a pas d’argent à envoyer au Trésor Public. Pour le paiement il est précisé au contrevenant « Ne payez pas maintenant, vos enfants paieront pour vous ».

Ce qui fait que chacun peut devenir un agent de la Brigade Climatique. Il suffit d’imprimer de chez soi (ou du bureau) des planches à PV de la brigade climatique. Ainsi, si le buzz fonctionne sur la blogosphère, au gré des rues et des quartiers, la sottise de nos contemporains ne restera pas impunie. Au moins, un miroir de conscience aura été tendu. ET ça défoulera ceux qui marchent ou pédalent, en pensant apporter leur contribution au défit climatique.