Donc, si l'Union européenne est préoccupée par le double impératif : réduire sa dépendance énergétique et se préparer à « l’après-pétrole ». Il est intéressant à ce propos de mettre en parallèle les déclarations françaises et allemandes. Des convergences d’analyses et d’objectifs : accroissement des économies d’énergie et développement des énergies renouvelables. Mais une divergence de fond : la place du nucléaire.
En France, c’est Jacques Chirac qui, tirant parti de ses vœux aux « forces vives » le 6 janvier, a « cadré » la politique énergétique de la France avec un nucléaire à la place prépondérante. On savait déjà, même avec des débats publics tronqués/faussés sur l’EPR et les déchets nucléaires, que la France passerait à la casserole de l’atom’cratie. Mais Chichi va plus loin : pas assez de l'EPR à Flamanville et d’ITER à Cadarache. Le chef de l'Etat nous annonce que « nous devons prendre, en attendant, de nouvelles initiatives ». Donc comme une lettre à la poste et pour quelques milliards d’euros, il a décidé de lancer "dès maintenant la conception au sein du Commissariat à l'énergie atomique d'un prototype de réacteur de quatrième génération qui devra entrer en service en 2020". Peu importe que l’on ne sache quoi faire de nos déchets radioactifs, ni que le coût du démantèlement soi sous-estimé, c’est dans la logique des choses me direz vous !!! Chirac y va bien entendu d’un petit couplet sur les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie. On sait ainsi où sont les priorités stratégiques et budgétaires. On passera des miettes à la petite part du gâteau !!!
Regardons ce qui se passe en Allemagne. La chancelière Angela Merkel a fait savoir que le gouvernement agirait conformément à l'accord de coalition, c'est-à-dire maintiendrait la sortie du nucléaire (d'ici à 2021) engagée par le gouvernement précédent. Bien entendu, le débat n’est pas clos : Mme Merkel a annoncé la tenue cette année d'un sommet sur l'énergie qui devra définir une stratégie énergétique pour l’Allemagne. Mais l’on sait déjà que la priorité demeurera aux énergies renouvelables et à la maîtrise de l’énergie. Le ministre de l'Environnement, Sigmar Gabriel (SPD), a appelé plus d’ambition dans les objectifs actuels : passer à 20 % d'énergies renouvelables pour couvrir ses besoins en électricité en 2020. En matière d'économies d'énergie, il a, notamment appelé à ne plus accepter la consommation, même faible, que représente la mise en veille des appareils électriques (équivalent à la production de deux centrales nucléaires pour l’Allemagne).
Sans vouloir jouer le primaire antinucléaire, il est grand temps que l’on trouve le bon niveau de démocratie dans la discussion française des choix énergétiques. J’ai la terrible impression d’être un citoyen berné, qui voudrait sortir de l’atom’cratie française. Plus que jamais, réfléchir au niveau européen est salutaire. Peut être que ce sujet pourrait passionner les chaumières, plus encore que le traité constitutionnel refoulé le 29 mai.
Et rappelez vous : l’abus d’énergie nuit gravement au climat ;-)))
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