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La bascule de l’année est passée, 2008 va aller en s’effilochant. Un peu comme la quotte de popularité de l’omniprésident. La France a pris la présidence du Conseil de l’Union Européenne pour un semestre qui fait tout juste quatre mois. Avec la cassure des vacances d’été et le passage de relais au somment de Bruxelles des 11 et 12 décembre, la présidence française de l’UE 08 est entamée et ce n’est peut être pas plus mal pour l’Europe.  Notre omniprésident surfe sur l’émotion, fait des coups, joue l’arrogance du vouloir,…, un style qui est plus qu’un handicap pour tisser du consensus européen.

 

Je ne reviens toujours pas de l’annonce du 2nd EPR nucléaire alors que la France doit commencer à négocier un « paquet énergie climat » pour l’UE, où seules les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique font parties du consensus à trouver. Le nucléaire est tellement un sujet de discorde entre pays pros et contres, que ce sujet a été mis hors jeu de l’aventure communautaire pour se concentrer sur ce qui rassemble. La Directive Européenne sur les énergies renouvelables, qui doit aboutir au plus tôt, est issue d’une décision du Conseil de l’Europe sous présidence allemande en 2007, et des travaux de la Commission et du Parlement européen dans une procédure de codécision. Ce projet de Directive est déjà bien avancé, et ne concerne en aucun cas l’énergie atomique. Et que fait notre omniprésident, par ailleurs président de l’UE, de la hauteur de son autocratie ? Il affirme que la France confirme son option nucléaire. Les énergies renouvelables passent au second plan, jouant presque les figurantes d’une politique énergétique cornaquée par les lobbys. Cette annonce, qui est aussi un signal politique européen, est incompréhensible, sauf à vouloir saborder la crédibilité des travaux sur ce projet de Directive. Là où Sarkozy devrait mettre ses pas dans ceux d’Angela Merkel qui avait négocié et obtenu le 1er accord fondateur des 3 fois 20 % au Conseil Européen de mars 2007, il critique publiquement l’Allemagne qui a fait le choix de bâtir le début d’une immense industrie des énergies renouvelables pour sortir du nucléaire.

La nouvelle consolidation européenne que devrait générer la révolution des énergies vertes – alors que l’UE a été bâtie sur l’acier et le charbon – est tout simplement ignorée par l’omniprésident. Il n’a pas pris conscience du potentiel de la décentralisation énergétique, et affiche sa priorité pour le nucléaire qui divise les membres de l’UE qui se sont mis d’accord en 2007 pour 20 % d’énergie renouvelable pour 2020. Il fait des moulinets pour détaxer l’énergie fossile au-delà d’un certain seuil de prix, alors que la solution est dans l’efficacité énergétique pour réduire la dépendance. Un Sarkozy à contre sens de l’histoire, et sert bien mal la présidence française de l’UE.

 

Ingrid Betancourt est revenue, l’actualité a disparu

L’annonce et la couverture médiatique de la libération d’Ingrid Betancourt aura duré plus de deux jours d’une rare intensité. Si l’on comprend l’émotion et la joie légitime de retrouver une icône moderne de la liberté, femme politique libérée après 6 ans ½ de captivité dans la jungle, j’ai du mal à expliquer que cette information soit devenue l’ACTUALITE quasi unique pendant plus de deux jours pleins. Tout le reste de l’information (dont le début de la présidence de l’UE, l’actualité politique, sociale, …, ) a été passé par perte et profit, dans le flash des dépêches. Sur la radio et la télé, plus rien d’autre qu’un flux d’émotion, d’une femme digne et engagée qui a vaincu contre l’absurde. L’omniprésident, bien que fort occupé par la présidence de l’UE, a libéré son agenda pour capter une partie de la lumière de la nouvelle sainte revenue en sa mère patrie. Lui aussi a fait d’Ingrid Betancourt sauve et libre son « unique » actualité, pour faire oublier le reste (pouvoir d’achat, inflation, …).

Sur ce coup médiatique, l’omniprésident n’aura pas demandé aux médias de trapper l’actu pour se concentrer sur Ingrid. L’émotion fait vendre, et les médias se sont engouffrés dans ce tunnel émotif. L’omniprésident a juste profité de la lumière pour capter quelques sympathies qu’il espère convertir en satisfaction dans les sondages. Pas certain que le souvenir de la belle Ingrid pèse lourd à la fin du mois …

 


Entre deux mascarades, l’omniprésident gouverne la France, qu’il prend pour un Société Anonyme aux multiples branches d’activités. Il met en œuvre un vaste plan de restructuration multi filières pour un seul objectif : réduire la dépense publique d’Etat. Il en profite au passage de tenter de mettre la main sur l’audiovisuel public. N’est-il pas le chef du conseil d’administration de la société France ? A lui de nommer le patron de France Télévision. Cela ne lui suffit pas que ses amis Bouygues, Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère, … tiennent une grande partie des médias privés et organisent une pression sur le contenu de l’information. Il veut une télé publique gentille et douce avec lui, même s’il en est le liquidateur. L’omniprésident ne comprend pas que l’on puisse s’opposer à sa toute puissante volonté, que des rédactions et des sociétés de journalistes ne veuillent pas se transformer en services de communication. Va-t-il entendre et prendre en compte le refus des français, qui sont 71% à être hostiles à la nomination du président de la télévision publique par l'exécutif parce qu'elle "pourrait entraîner un contrôle politique des chaînes publiques" ? D’accord, ce n’est qu’un sondage, mais la très franche majorité qui s’oppose à la volonté omniprésidentielle suggère que l’exécutif aurait tort de passer en force. La liberté d’information est un droit constitutionnel, un droit fondamental et ce bien précieux doit être défendu avec vigueur. L’omniprésident n’a pas été élu pour casser l’audiovisuel public et ainsi satisfaire ses amis. On en peut laisser les français aux seules mains des médias privés, marchands de béton, marchands de canon, marchands de services qui ne veulent qu’un peu plus de temps de cerveau disponible. On ne peut accepter de réinventer l’ORTF au 21ème siècle avec une télévision d’Etat à la botte du pouvoir.

Vu l’état de l’opposition, absente et inaudible face à tant d’énormité et d’autocratie, faut-il entretenir une correspondance avec des parlementaires UMP dissidents ? Qu’elle est la meilleure voie pour encadrer un omniprésident qui bouscule les institutions ? Jusqu’où son camp va-t-il le laisser faire ?

 

Tag(s) : #chronique de la semaine
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