Chronique de la semaine n°33/08

Au bord de l’eau, dernier jour de la dernière semaine de farniente, reprendre l’exercice de la chronique hebdomadaire arrêtée il y a 5 semaines. Comme pour se remettre en jambes, pour réactiver vraiment le blog après une longue pause estivale. Allergique aux JO, si j’ai suivi l’actualité de loin en loin – 3 Canard Enchaîné, France Inter en fond sonore, Le Monde et Libération sur internet, 1 Marianne en passant par le kiosque, … - revenir sur la semaine écoulée permet de se poser face à l’écume des jours.

La guerre en Géorgie, déjà abordée dans un précédent billet, me parle d’Europe. Une Europe avec des institutions en rade, qui se révèle incapable de proposer une politique extérieure commune. La vieille mécanique communautaire peine à réunir/aplanir les divergences nationales, la pente pour les surmonter est trop forte. L’omniprésident des français, qui se retrouve président du Conseil de l’Europe pour quelques mois encore, ne fait pas illusion dans cette crise diplomatique. L’accord de paix de cesser le feu proposé par la France sans réelle concertation préalable des 27, fait l’impasse sur l’intégrité territoriale de la Géorgie. Et l’omniprésident a fait une grosse bourde diplomatique, en reconnaissant à Poutine et Medvedev le droit de défendre les minorités russophones partout dans le monde. Il a légitimé leur coup de force, tout en étant une mauvaise voix pour l’Europe ! Maintenant, il rame, et l’Europe laisse l’avantage aux Russes, se languissant qu’ils veulent bien respecter leur signature… Il est tellement plus confortable de s’en remettre à l’OTAN, d’attendre que les américains haussent le ton (avec une légitimité entachée par l’Irak) pour que l’Europe s’affermisse. Une Europe qui parle en creux, voix cacophonique qui n’est même pas la mosaïque de ses membres, inaudible dans le concert des nations qui comptent. Sans institutions adaptées, l’Europe se révèle incapable de réagir pleinement et souverainement, à une grave crise géopolitique dans son voisinage proche. Jusqu’à quand va-t-on faire les fines bouches, pour changer le logiciel dépassé de nos institutions européennes ? Le besoin se fait plus cruellement sentir avec cette crise russo-géorgienne.

Donc, une guerre d’aujourd’hui qui parle d’Europe, de cette « nouvelle » Europe issue des pays de l’ancien bloc soviétique ayant rejoint l’Union. Comme le rappelle Daniel Riot sur son blog, si la comparaison ne vaut pas raison, il faut se souvenir comment les russes ont liquidés à coup de chars en août 1968, le mai 68 tchécoslovaque pour un socialisme à visage humain. C’était il y a 40 ans, les russes envahissaient le pays pour mettre aux pas une république frontalière trop éprise d’indépendance. La démocratie n’allait pas de soi, il en est de même aujourd’hui. 50 ans de paix nous auraient presque anesthésiés, rendus amnésiques, alors que l’Europe est à réinventer pour qu’elle vainque le macro et le micro nationalisme. Une Europe qui doit être à l’écoute et prendre en compte l’avis de ses nouveaux membres, eux qui ont gardé dans leur mémoire collective, les frayeurs et les intimidations de la Russie tsariste et de l’URSS. L’impression, que l’heure est au renouveau du combat pacifique et européen, pour réinventer une Europe force de paix en son sein, dans son voisinage et dans le monde. Rêve d’une Europe puissante et pacifiste, rêve partagé par ma génération ?

L’éolien français en pleine tempête estivale

C’est toujours dans le cœur de l’été que l’on fait les mauvais coups politiques, quand la France des congés payés (et mérités) est trop occupée à se regarder bronzer le nombril. La presse et les médias en position « slim brain », aucune chance de mobiliser contre ce qui sera pointé comme un nouveau forfait de l’atom’cratie contre les énergies renouvelables. En pleine présidence française de l’UE où la Directive 20 % EnR 2020 doit être adoptée, c’est d’un ridicule …

L’Institut Montaigne, officine à pensées libérales proche de l’UMP, plutôt encline à valoriser l’entreprise et la culture des bénéfices, est un laboratoire d’idées de droite qui a canardé l’éolien à cause des profits qu’en retirent les opérateurs/monteurs de projets. L’IM vire-t-il bolchévique, ou est-il contaminé par le puissant lobby de l’atome ? Toujours est-il que l’IM a publié un rapport assassin sur l’éolien, écrit par Vincent Le Biez. Relayé complaisamment par les médias, les français, entre deux  couches de crème solaire, apprenaient que l’éolien leur coûterait environ 100 €/ an / foyer, selon VLB. Trop cher pour financer les moulins à vent du Grenelle, en pleine guerre du pouvoir d’achat. Ne pas favoriser des rentiers de la nature, avec leurs projets industriels qui défigureraient le paysage. Sus à l’éolien, …

Hop, dans la foulée de cette curée contre l’éolien, saisi par une association anti éolien, le Conseil d’Etat a annulé l’arrêté de 2006 qui fixe les conditions d’achat de l’électricité éolienne. Plus d’arrêté, plus de projets éoliens ;-) Du moins, pour le moment, le temps de pondre un nouvel arrêté …

Alors que la France doit faire aboutir le projet de Directive 20 % EnR 2020, il fallait oser démanteler la politique de soutien à la principale filière d’électricité renouvelable. La France l’a fait ! Chapeau l’artiste, les français n’auront qu’à manger celui du Grenelle …