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A quelques jours de l’investiture du président élu, toutes les rédactions françaises planchent sur des sujets américains pour le 20 janvier. L’objectif médiatique va traverser l’atlantique, Obama nimbé de l’auréole du changement, sa politique ses annonces vont être scrutées, analysées, commentées, … Comme si la providence pouvait s’incarner. 2009 annus horribilis ? Certainement pas pour le secteur solaire. 2009, la lumière semble venir d’un homme métis ;-)

Donc, j’ai cédé à la météo éditoriale du moment et suis allé faire quelques recherches, sur la prochaine politique en faveur des énergies renouvelables en général et du solaire en particulier, qu’allait mener le gouvernement de Obama. Pour le moment, pas grand-chose à se mettre sous la dent, hormis le plan Obama/Biden « new energy for america » qui date de septembre 08, et l’annonce vidéo de l’été. Bref, beaucoup d’annonces mais encore peu de mesures concrètes, faudra patienter.


Poussant la recherche, heureuse surprise : l’administration Bush finissante a préparé le terrain. En effet, début octobre 08, le crédit d’impôt énergétique a été prolongé de 8 ans. L’ITC pour Investment Tax Credit a maintenant un horizon de moyen terme (2016), qui donne de la visibilité aux investisseurs. L’effet « signal demande » va encourager l’industrie à développer de nouvelles capacités. Cet outil fiscal, ouvert aux particuliers et aux entreprises, permet d’économiser 30 % de son investissement EnR. Il a été déplafonné pour le photovoltaïque, alors qu’il était plafonné à 2000$ jusqu’alors dans le résidentiel.

L’association de l’industrie solaire américaine a fait une analyse prospective de l’effet Solar ITC : le secteur pronostic la création de 440 000 emplois permanents avec 325 milliards de dollars investis d’ici 2016. C’est l’émergence rapide et soutenue d’une économie solaire qui est attendue. Le déplafonnement du Solar ITC va booster le développement du photovoltaïque dans le secteur résidentiel, tandis que le secteur commercial (Wal-Mart et consort) peut programmer la solarisation de son patrimoine au meilleur coût. Les compagnies d’électricité vont devoir démultiplier leurs investissements dans des centrales solaires. Au total, ce sont 28 GW de nouvelles capacités d’électricité solaire qui seraient installées d’ici 2016, de quoi alimenter 7 millions de foyers américains.



Alors que le marché solaire américain 2007 était moins développé que celui de l’Espagne ou de l’Allemagne, avec toutefois une industrie dynamique. Les chiffres d’ici 2016 donnent le tournis. Une étude de Navigant Consulting Inc, sur l’effet économique du Solar ITC d’ici 2016 est particulièrement intéressante. Elle passe en revue la croissance américaine du photovoltaïque, du solaire à concentration et du solaire thermique basse température. Le secteur solaire devrait ainsi progresser d’un peu plus de 500 MW installés en 2009, à plus de 6000 MW installés en 2016, toutes technologies confondues.


Pour le photovoltaïque, l’étude ne prend pas en compte l’effet « déplafonnement » des 2000$ dans le résidentiel, ce qui minore les expectatives optimistes. Toutefois, le PV est la technologie priorisée par NCI sur le marché solaire américain, qui passerait de 500 MW installés par an en 2009 à 5700 MW en 2016. Selon le scénario retenu, le parc PV cumulerait entre 10 et 20 GW en 2016.



L’eau chaude solaire, est prise en compte, même si elle peut paraître minorée dans l’évaluation de NCI. Ainsi, le marché américain passerait de 100 MW (équivalent à 140 000 m² installés) en 2009, à 360 MW (équivalent à 500 000 m² installés) en 2016. Sans doute cette croissance est elle réaliste compte tenu de la complexité de structurer un marché très technique et peu intégré.

 

Le solaire à concentration pour la production d’électricité solaire à haute température, va connaître une renaissance. Déjà 64 MW ont été installés en 2007 dans le Nevada, alors que plus de 4000 MW sont dans un pipe projets. Avec l’installation de 1200 MW par an à partir de 2011, cette électricité solaire sera la plus compétitive, à 8 c$/kWh. Le potentiel CSP de la Sun Belt est estimé à 200 GW, de quoi alimenter la période post-2016.

 

Un crédit d’impôt (ITC) ne suffit pas à générer un marché pérenne, et Barack Obama aura de nombreuses mesures à prendre pour transformer ces expectatives en réalité énergétique verte. Le plan nouvelle énergie Obama-Biden prévoit justement des formations dans les green-tech, des moyens pour la recherche,  …, et la mise en place d’un Renewable Portfolio Standard (RPS) au niveau fédéral. Alors que seuls quels Etats étaient dotés d’un RPS (dont la Californie), ce RPS fédéral va contraindre les compagnies électriques à délivrer 10 % d’électricité renouvelable d’ici 2012, et 25 % d’ici 2025. C’est bien, mais il faudra aussi optimiser l’ITC, et notamment pouvoir le recharger au cours des huit ans, ou encore pouvoir associer amortissement exceptionnel et un ITC étendu aux investissements industriels dans les énergies renouvelables. Le gouvernement fédéral devra devenir exemplaire, en investissant rapidement et massivement pour alimenter les besoins fédéraux, en électricité solaire. Surtout, la mise en place d’une loi fédérale pour vendre son surplus de production d’électricité solaire (net metering law) est nécessaire pour réaliser le changement attendu. Le plein effet de l’ITC dans le résidentiel, dans une logique d’efficacité énergétique, ne se révèlera que si l’on peut vendre son surplus de production. Sinon, il n’y a que les gros consommateurs qui ont intérêt à investir, l’américains vertueux est défavorisé.

 

Voilà pour un tour d’horizon de l’énergie solaire aux USA, alors que le secteur solaire attend beaucoup (il n’est pas le seul, loin s’en faut) de la nouvelle administration.

L’Europe ne devra pas faiblir pour rester dans la compétition industrielle. Si les américains réalisent enfin qu’ils ont plus de potentiel solaire que l’Allemagne, champion industriel du secteur, notre inertie à mettre en œuvre la Directive sur les énergies renouvelables pourrait nous coûter cher. Les USA vont s’engager avec volonté et vélocité dans le développement de l’énergie solaire. L’Europe et chacun des états membres ne devront manquer ni de volonté, ni de vélocité, pour rester dans la course industrielle. De plus, une coopération dégagerait des synergies et accélèrerait la lutte contre le changement climatique. Et si l’on se mettait en phase solaire des deux côtés de l’Atlantique ?

 

Tag(s) : #Solar Buzz
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