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On lance des bouteilles à la mer avec le violent désir d’un naufragé. Produire, ajouter au monde, c’est éprouver la magie du possible.

 

- Madame, comment expliquez-vous ce besoin d’invention ou de rêver d’autres vies ?

Exister simplement est insuffisant d’après-vous ?

 

- Monsieur, je ne sais ce que vous entendez par exister tout simplement.

Tout simplement n’existe pas

 

Extrait de L’homme du hasard, pièce de Yasmina Resa. Un compartiment de train, un homme, un femme, chacun soi même…


Oser ajouter des mots, après ceux précis, concis de Y., et qui m’ont tant touché. Ce week-end n’est pas celui d’une fin d’été, mais plutôt d’un début d’automne. J’en profite pour lire d’autres productions de Yasmina : Nulle part, Hammerklavier.

C’est un heureux hasard que d’avoir découvert cette femme, Y., dimanche dernier. Je souri de la congruence de ces pages, où j’ai lu ses quatre pièces de théâtre dans le TGV, entre Paris et Marseille dans un soir déclinant, entre Marseille et Lyon avant que l’aube ne se lève. Elle qui, « s’inspire de ce qui est vu d’une route ou d’un train ». Qui « ne peux saisir (ou s’en souvenir) certains évènements, certains êtres, qu’en passant, à la dérobée. Ils sont la matière même de l’écriture.»…


Conversations après un enterrement
, La traversée de l’hiver, « Art », autant de fragments de temps, ici, ailleurs, qui disent la pure vie de femmes et d’hommes, dans des décors dépouillés, où c’est l’essentiel que l’on touche.

 
J’aime sa façon de choisir et d’agencer les mots, cette manière subtile qu’elle a de vous entraîner dans des pensées profondes et intimes, alors que le livre est terminé et qu’il repose sur la table basse. Ouvrages à retardement, qui déclenchent une voluptueuse vague de réflexion, parfois amer, toujours lucide. Comment ne pas la suivre sur son fil, sa hantise du Temps, l’entropie destructrice et inélucable, l’insatisfaction résultante, l’absurde et indispensable refus de la résignation, l’exigence d’Être malgré tout et au-delà de tout.

Le temps et l’espace, des lieux que l’on foule. « Les vrais lieux, ceux qui nous engendrent, ceux que capture la mémoire, sont ceux qui nous ont vus hors de nous-mêmes, qui ont abrité notre démesure, l’aveu ou la terreur de nos désirs, tous ceux qui furent le lit d’un chavirement. »


Rien d'autre à ajouter !

Tag(s) : #heloim.sinclair
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