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REPAP 202030 juin 2010, c’est la date butoir à laquelle chacun des états membres de l’Union Européenne devra avoir remis à la Commission Européenne, sa feuille de route nationale pour atteindre l’objectif assigné dans le cadre du paquet énergie et climat. Ainsi, la Directive 20 % EnR 2020 aiguillonne les capitales de l’Europe pour la mise en place d’une politique énergétique qui favorise efficacité énergétique et énergies renouvelables.

Pour ne pas laisser les pouvoirs publics seuls aux manettes, la Commission européenne finance par ailleurs le projet REPAP 2020 – Renewable Energy Policy Action Paving the way towards 2020 – pour faciliter l’élaboration de feuilles de route EnR « alternatives », à la fois réalistes et ambitieuses. ONG et industries EnR sont ainsi soutenues dans les états membres, pour élaborer et publier leur propre feuille de route (NREAP – national renewable energy action plan) visant à influencer/polliniser le plan « officiel » échafaudé par leur gouvernement. Une première salve de ces feuilles de route EnR est en ligne sur www.repap2020.eu

 

Côté français, le syndicat des énergies renouvelables (SER) nous sert un copié/collé du comité opérationnel EnR du Grenelle de l’environnement, avec sa "Roadmap 2020 report for France". Pour une feuille de route écrite par un lobby de l’énergie verte, on aurait souhaiter plus d’imagination et d’ambition. L'objectif de 5,4 GW installés en 2020 pour le photovoltaïque n'a pas été amendé à la hausse, comme si la parité réseau n’atteindrait pas la France d’ici 2020... Cette feuille de route est tellement conservatrice, que les réseaux intelligents (smart grid) ne sont pas considérés intéressants pour la France, en contradiction avec les initiatives des pôles de compétitivité et de l’Ademe... Est-ce EDF qui a tenu la plume du SER ? Avec une loi Grenelle qui risque de plomber l’éolien début mai (25 GW menacés), le lobby de l’atome doit être satisfait d’une feuille de route EnR française si timorée ! Ainsi, l’objectif de 23% d’EnR en 2020 risque fort de ne pas être atteint, menaçant la création de 200 000 emplois.

 


Côté allemand, c’est le Bundesverband Erneuerbare Energie (BEE) qui a réalisé la feuille de route de l’industrie. Ce syndicat allemand des industries EnR n’est pas sous influence atom’cratique, loin s’en faut. Il vise plus de 28 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique allemand 2020, avec près de 47 % d’électricité verte et plus de 25 % de chaleur renouvelable, soit plus que l’objectif assigné par la Directive. Pour l’électricité verte, le BEE considère que 55 GW d’éolien et près de 40 GW de photovoltaïque alimenteront le réseau en 2020. Cela nécessitera une gestion intelligente du réseau électrique. Concernant la chaleur solaire, le BEE considère que 6 millions de m² de capteurs solaires thermiques seront annuellement installés en 2020, portant le parc en fonction à 60 millions de m² en 2020. C’est 3 fois plus ambitieux que l’objectif français…

 

 

Justement, « benchmarker » ce qui va se passer outre Rhin dans le domaine des énergies vertes n’est pas de l’éco-masochisme franco-allemand, mais du bon sens. La France éprise de certitudes atom’cratiques a retardé l’émergence de ce secteur, tandis que l’Allemagne a été extrêmement volontaire depuis 15 ans. L’ambition franchouillarde pour les énergies renouvelables demeure timide pour préserver un futur hérissé d’EPRs. Résultat, nous comptons peu d’industries en pointe dans le domaine EnR, et des emplois EnR dix fois moins nombreux que ceux allemands, essentiellement dans l’aval des filières (conception/installation/maintenance). Tandis qu’en Allemagne, le nombre d’emplois EnR est passé de 160 000 à 280 000 entre 2004 et 2008, l’engagement de l’industrie EnR allemande est de créer 500 000 nouveaux emplois d’ici 2020. A titre de comparaison, à cette échéance, le nombre d’employés dans l’industrie énergie renouvelable allemande aura rattrapé voir dépassé celui lié à l’industrie automobile allemande. Rappelons enfin que le nombre actuel d’emplois liés à la filière nucléaire française est d’environ 120 000 selon le rapport de Christian Bataille et Robert Galley, rendu en février 1999. Les chiffres parlent d’eux-mêmes…

 

L’Allemagne, avec sa fibre écolo et son positionnement industriel a su bâtir et va développer une industrie EnR en pointe dans la globalisation des marchés de fourniture d’énergie propre. Avec notre atom’cratie, nous tentons vainement de nous placer sur les marchés d’exportation du nucléaire et de maintenir l’emploi nucléaire en France, au détriment des énergies renouvelables. Pourtant quand on compare les marchés mondiaux du nucléaire avec ceux des énergies renouvelables, on comprend mieux l’union sacrée allemande (industriels, syndicats, politiques) : chiffres d’affaires et emplois sont – et seront - au rendez vous, bien plus et bien plus sûrement que pour le nucléaire dont la relance reste bien aléatoire.

 

 

Pour conclure ce billet et sortir de la comparaison franco-allemande, focus sur la Belgique. La Fédération de l'Energie d'Origine Renouvelable et Alternative (EDORA)  prévoit 17,8 % d’EnR dans le bilan énergétique 2020, avec une part d’électricité verte d’environ 28% alimentée notamment par 3,5 GW de photovoltaïque. 3,5 GW en 2020, c’est 65% de l’objectif français pour l’électricité solaire, alors que la Belgique est au Nord de la France, qu’elle a une population d'environ dix millions et demi d'habitants et couvre une superficie de 30 528 km². Calée sur l’objectif solaire belge, l’ambition française pour l’électricité serait multipliée par 5 ou 6 ! Voilà une bonne blague belge pour dérider le SER français, notre administration et nos politiques ;-)

 


Tag(s) : #Environnement
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