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Centrale-solaire-Montesquieu-2.jpgMercredi 28 octobre, un article du Canard Enchaîné accrochait EDF et son pdg Henri Proglio, à propos d’EDF Energies Nouvelles (EDF EN), filiale rachetée à 100% à grands frais par l’électricien national. Au passage, l’ancien PDG d’EDF EN, Pâris Mouratoglou, a vu l’électron vert se transformer en or, empochant 700 M€ pour céder ses parts dans EDF EN (25%) à EDF. Le Canard a cité un "ancien ministre" qui parle de "délit d'initié légal" à propos de cette vente. Est-ce Borloo qui balance, lui qui a laissé faire ce hold-up sur le CSPE du temps où il était en poste ?


Pâris Mouratoglou et son associé André Antolini (ancien président du Syndicat des énergies renouvelables, SER, interlocuteur privilégié du gouvernement et de l’administration) avaient déjà vendu 30% de SIIF à EDF pour 300 millions de Francs. Cette SIIF est par la suite devenue EDF EN, ce qui avait scandalisé le milieu des énergies vertes à l'époque du francs ne choque presque plus personne alors que l’on compte maintenant en centaine de millions d’euros L. Pâris M. avait gardé des parts dans la SIIF/EDF EN, il les a monnayé au prix fort pour permettre à EDF de prendre le contrôle total d’une filiale stratégique en terme de croissance mondiale (marchés et technologies). Le voilà milliardaire, et tous les français y compris les smicards et les chômeurs y auront contribué, avec la bénédiction de Borloo et Sarkozy.

 

Il n’est pas interdit de s’enrichir me direz vous, et vous auriez raison. Toutefois, le jugement est à pondérer en fonction de comment l’on s’enrichie, et des bénéfices et dividendes que vous redistribuez à la collectivité nationale qui finance vos bénéfices. On peut s’interroger sur la création de valeurs sociales d’une entreprise comme EDF EN, qui bénéficie d’un tarif d’achat pour son parc renouvelable payé par tous les français, alors qu’elle vise le moindre retour économique en contrepartie pour le pays. L’Etat que l’on désirerait « stratège industriel », en tant qu’actionnaire d’EDF actionnaire d’EDF EN, aurait du et devrait jouer son rôle pour soutenir l’industrie solaire française via EDF EN. L’Etat a laissé faire une stratégie de valorisation financière d’EDF EN - importer massivement des modules chinois et les faire installer par des entreprises non françaises pour faire un maximum de profit – pour ensuite autoriser Henri Proglio pour EDF, à payer rubis sur l’ongle 700 M€ à Pâris Mouratoglou. Vous avez dit solaire bling bling ? A ce niveau, c’est du photon en or massif L.

 

 

Je ne suis pas un blogueur esseulé à m’émouvoir à propos d’EDF EN. L’Assemblée Nationale s’est penchée sans complaisance sur le sujet (rapport N°3805 du 12 octobre 2011) : LES INTERROGATIONS AUTOUR DU RACHAT D’EDF ÉNERGIES NOUVELLES

Le rachat d’EDF Énergies nouvelles (EDF EN) a représenté un investissement de l’ordre de 1,5 milliard d’euros. Conformément à la ligne directrice suivie par EDF dans le cadre de ses acquisitions, l’objectif était d’assurer le contrôle du groupe sur une filiale centrale dans la diversification du groupe. L’opération menée par EDF met toutefois en lumière deux aspects contestables de sa stratégie.

● D’une part, EDF a pris une participation de 50 %, en 2000, dans cette entreprise dont le reste du capital était alors détenu par un investisseur privé. Le groupe a participé au développement de l’entreprise, en lui faisant notamment bénéficier de son nom à partir de 2004. Finalement, EDF rachète la part du public – 24,5 % du capital depuis l’introduction en Bourse en 2006 – et surtout celle de l’investisseur privé – 25,1 % du capital – qui profiterait ainsi d’une plus-value substantielle.

Certes les conditions de mise en œuvre de l’acquisition auraient été plutôt favorables à EDF. La prime payée par le groupe se serait établie à seulement 8 % par rapport aux derniers cours de Bourse – ceux-ci ayant néanmoins progressé d’environ 30 % depuis 2008. Par ailleurs, l’investisseur privé aurait été payé à hauteur de 50 % en titres EDF, ce qui aurait limité l’apport en cash du groupe.

Toutefois, la stratégie consistant à développer une activité pendant près d’une décennie pour être finalement conduit à la racheter à un prix relativement élevé pose question. Il semble, en particulier, qu’EDF n’ait pas suffisamment anticipé le potentiel de développement des énergies renouvelables et qu’en conséquence le groupe ait racheté EDF EN à un prix élevé, dû à l’engouement des investisseurs pour ce secteur en expansion et traduit par la hausse de 30 % de la valorisation boursière de la société entre 2008 et son rachat.

● D’autre part, d’après les informations recueillies par le Rapporteur spécial, le développement d’EDF EN ne s’accompagnerait pas de la constitution d’une filière industrielle des énergies renouvelables en France. La plupart des produits – et notamment des panneaux photovoltaïques – seraient acquis auprès de sous-traitants installés dans des pays à bas coûts. Compte tenu des perspectives de croissance du secteur et alors que l’Allemagne semble s’être engagée dans le développement d’une telle filière, il est regrettable que la principale entreprise française du secteur de l’énergie ne suive pas une voie similaire. Il n’existe pourtant pas de doute que les ingénieurs d’EDF, qui sont la force du groupe et qui ont développé, avec la filière nucléaire, une filière d’excellence, soient en mesure de relever un tel défi.

Au-delà du développement du groupe, le développement d’une telle filière apparaît crucial pour renforcer la compétitivité de l’économie française en mettant dès aujourd’hui en place les fondations d’un secteur qui pourrait dégager une importante valeur ajoutée d’ici quelques années.

Le Rapporteur spécial insiste donc sur le fait qu’EDF, société détenue à hauteur de 84 % par l’État et principal énergéticien français, ne saurait se contenter de préserver son avantage dans le nucléaire. Tant son intérêt que celui de l’ensemble de l’économie française réclament son développement dans le secteur des énergies renouvelables et la constitution, autour d’EDF EN, d’une filière industrielle propre à ce secteur.

 

Tag(s) : #Solar Buzz
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