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L’on ne peut déplorer que les élections soient devenues un casting pour bêtes politiques, un bal d’égo hypermédiatisé à coup de petites phrases, avec un fond complètement occulté par la forme, et ne pas être tenté pour un bouquin qui offre « le changement »  - soit le projet socialiste pour 2012 - à 3 €. Achetant le journal dans une boutique de gare, ce livre qui est sensé engager le/la vainqueur des primaires socialistes m’a semblé un outil démocratique opportun, pour nourrir ce long week-end de fête national. Edité chez Odile Jacob en version poche, « le changement » a pris le TGV pour être lu sur une plage provençale.


Cent vingt pages plus tard, je livre ici commentaires et impressions sur ce projet socialiste 2012, avant de traiter le projet par son prisme énergétique.

 

La première impression fut que le PS se paye de mots. Les vingt premières pages contextualisent le devenir de la France face à la mondialisation et aux grandes évolutions du 21ème siècle. Les vingt suivantes sont dans le constat du mauvais état du pays et la critique de Sarkozy et de la droite depuis 10 ans. Ce chapitre sert sans doute à légitimer le besoin d’alternance qui serait ressenti ou même ancré chez les français.

 

Les quinze pages qu’il faut encore avaler après le constat critique, pour enfin arriver aux propositions, présentent les grands axes du projet, qui se veut écolo-compatible et social-démocrate bon teint. Le projet socialiste 2012 se veut vert et équitable, c’est dans les déclarations d’intention.

 

Le projet socialiste 2012 est présenté sur une cinquantaine de pages, il met en perspective une trentaine d’engagements, de la Banque Publique d’Investissement aux emplois jeunes revisités sous forme de trois cent mille « emplois d’avenir », en passant par la TVA écomodulable et la mise en œuvre d’une transition énergétique pour s’affranchir progressivement de la dépendance au pétrole et au nucléaire.

 

Globalement les propositions se tiennent, même si certaines relèvent du vœu pieux. Il faut attendre la page 74 pour savoir comment les socialistes comptent financer toutes leurs modestes promesses. La marge de manœuvre budgétaire ne viendrait pas du creusement des déficits et de la dette, ni d’un alourdissement de la pression fiscale sur la classe moyenne et populaire, mais par un grand soir des niches fiscales. Sur les soixante dix milliards d’euros de réductions fiscales diverses et variées, le PS propose de n’en conserver qu’un volant de vingt milliards. Ainsi, cette réforme mère de son programme, dégagerait une marge de cinquante milliards, affectés pour moitié à la réduction de la dette, et pour moitié à la mise en œuvre des propositions. Elle mériterait d’être mise en liminaire du projet, car sans ce grand soir des niches fiscales, c’est tout le projet socialiste qui tomberait à plat…

 

 

Je ne vais pas commenter les trente engagements, mais m’attarder un peu sur ceux relatifs à la transition énergétique. Avec ce projet, les socialistes marquent leur évolution face au nucléaire. Ils veulent s’affranchir progressivement de la dépendance au pétrole et au nucléaire. C’est un véritable aggiornamento programmatique vis-à-vis du nucléaire, alors que l’atom’cratie a toujours été bien servie par les socialistes aux manettes et que l’électricité nucléaire était considérée comme un pilier de l’indépendance nationale. Là, les socialistes proposent de tourner une page d’histoire de notre modèle énergétique. Pour mettre en œuvre cette transition énergétique, plusieurs mesures sont proposées. De la taxe Total des super-profits des groups pétroliers à la mise en place d’une Communauté Européenne des Energies sur la base d’une coopération renforcée entre pays volontaires de l’UE, en passant par la mise en place d’une contribution énergie-climat redistributive et de la montée en puissance des filiales d’EDF et d’AREVA dans les énergies renouvelables. Tout cela va dans la bonne direction, et mériterait d’être affiné avec les acteurs et territoires concernés. Le calendrier et les objectifs ne sont pas indiqués alors qu’ils sont pourtant essentiels à la crédibilité de la transition.

 

Ainsi, la transition énergétique est un axe fort du projet PS 2012. On la retrouve même dans la partie sur le logement, où outre la promesse de construire cent cinquante mille logements sociaux par an, le PS les voudrait à basse consommation. Faudrait mettre à jour la connaissance des rédacteurs, car tous les nouveaux logements – sociaux ou non – seront nécessairement à basse consommation à partir de 2013. Pour profiter de la dynamique d’entrainement du secteur du logement social sur le secteur de l’énergie efficiente et propre, le PS aurait mieux fait de proposer de passer progressivement à 100% de nouveaux logements sociaux à énergie positive d’ici à 2017. Passer de 0,0001% à 100% en cinq ans serait un beau projet, émulateur et créateur de valeur économique et industrielle. Cela ne ferait que devancer la réglementation de 3 ans, ce qui n'est pas un exploit politique. Sans compter qu’avec des objectifs de rénovation du parc HLM qui compteraient des quotas en bâtiments basse consommation et à énergie positive, ce serait un second moteur à la croissance verte et sociale que revendique le PS.

 


Une remarque citoyenne pour conclure, qui n’a rien à voir avec la transition énergétique (quoi que ;-). Sur la rénovation du pacte républicain, le PS ne va pas assez loin en voulant limiter le cumul des mandats et des indemnités pour les seuls ministres. C’est pour tout le personnel politique qu’il faudrait limiter le cumul des mandats. Ça ce serait une vraie mesure révolutionnaire, pour transformer la société en apportant du sang neuf à notre démocratie périclitante.

Tag(s) : #Elections 2012
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