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Enfin, alors que le Canard Enchaîné en a parlé il y a quelques mois déjà, un article dans les Echos du 6 février a été publié sur l’étude de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (ISRN) qui chiffre le coût potentiel d’un accident nucléaire en France. Une jauge entre 120 et 430 milliards d’euros, s’il vous plait ! C’est énorme, alors que les accidents de l’AZF ou de l’Erika se chiffrent à environ 2 milliards d’euros chacun ! L’ISRN indique qu'un accident de niveau 6 serait « un désastre national (...) néanmoins gérable », un accident de niveau 7 deviendrait « une catastrophe européenne ingérable ».


C’est un élément nouveau dans le débat énergétique français, le coût du risque d’un accident nucléaire pas du tout improbable, est estimé entre 6 et 22% du PIB français… C’est le coût d’une guerre qui ravagerait la France !!!

 

Doit-on accepter ce type de risque au 21ème siècle alors que des technologies alternatives existent pour progressivement sortir du nucléaire et des risques gigantesques associés ?

 

Qui doit assumer/assurer ce risque ? Le contribuable malgré lui, comme c’est le cas actuellement avec une responsabilité pécuniaire très modeste d’EDF en cas d’accident et l’Etat payeur en dernier ressort ? Le consommateur d’électricité nucléaire avec le risque assuré par l’exploitant et une prime d’assurance répercutée sur le coût du kWh ? Le MEDEF et la CGT, dans une alliance improbable et contre nature, vont-ils accepter de considérer l’assurance de ce risque ?

 

Une approche économique où l’on ne compte que les centaines de milliards d’euros est un peu cynique car elle met de côté l’humain… Concrètement, un accident à la centrale nucléaire du Tricastin un jour de mistral, ça donne quoi pour ceux qui habite à Valence, Avignon, Aix et Marseille ? !!! Finie la Provence comme lieu de vie de tourisme et de villégiature pour quelques dizaines/centaines/milliers d’années ? Un accident à la centrale de Bugey, située  35 km à l’Est de Lyon peut irradier la capitale des Gaules et en plus empoisonner la moitié de l’Europe avec un vent d’Ouest. A Paris, on prie pour qu’un accident à la centrale de Nogent sur Seine arrive un jour de vent d’Ouest, car c’est Troyes qui serait rayée de la carte et non la capitale française sise à seulement 110 km au Nord-Ouest du méga potentiel risque ! Je termine mon petit tour non exhaustif du risque nucléaire par la centrale du Blayais, sise à 45 km en amont de la capitale girondine. Un boom atomique comme celui évité de justesse lors de la tempête de 1999, et on ne boira plus jamais de nouvelles bouteilles du vignoble Bordelais ! Comment chiffrer l’extinction définitive de grands crus ?

 

Quand on commence à poser la question du risque nucléaire pour les populations, on risque le rejet. Les français mitoyens malgré eux d’une centrale nucléaire (ils sont très nombreux) devraient pouvoir  en savoir plus sur leur niveau de risques avec un rapport à venir d’ici 2014 « centrale par centrale » du même IRSN. Manque de chance, ce rapport arrivera après le Débat National sur la Transition Energétique… Mieux vaut tard que jamais, cela fait des décennies que l’on n’a pas pensé le risque nucléaire en France de façon crédible. Ces citoyens pourront toutefois dirent qu’ils ne veulent pas déménager mais réduire le risque en fermant progressivement les centrales nucléaires françaises, sans attendre le rapport détaillé les concernant en terme d’exposition au risque nucléaire.

 

C'est la première fois que le risque nucléaire entre dans le débat énergétique, risque pas si impossible que probable... Même sans l’aspect humain, c’est bien que ce type d’articles sorte, car les montants d’un seul accident nucléaire sont si astronomiques qu’ils interpellent les décideurs lecteurs des Echos, et sèment le doute dans leur confiance à l’atomcratie

 

Tag(s) : #France atom’cratique
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